Oradour-sur-Glane 1944/2013

Le 4 septembre 2013 à Oradour-sur-Glane:

Une première historique: deux présidents de la République en exercice, l'un français (François Hollande), l'autre allemand (Joachim Gauck) ensemble à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) où le 10 juin 1944 des SS massacrèrent 642 personnes.

Photographie ci-dessous:  François Hollande (à gauche), Robert Hébras,un des trois survivants du massacre (au centre), Joachim Gauck (à droite) sortent de l'ancienne église où furent exécutés les femmes et les enfants de la petite ville.

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source AFP- Jean-Pierre Muller

Le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane:

Que s'est-il passé?

Contexte historique:
Seconde Guerre mondiale (1939-1945).

Le débarquement anglo-américain a débuté quatre jours plus tôt, le 6 juin 1944, sur les côtes de Normandie. Afin de soutenir celui-ci, les résistants français, dans les grands maquis, ont lancé des offensives contre des unités militaires allemandes qui occupent le territoire français. Ces attaques retardent les déplavements des soldats allemands vers la Normandie.
Dans ce contexte particulier (invasion ennemie, harcèlement des résistants), une division des Waffen-SS, la division Das Reich, qui avait pour mission d'écraser les mouvements de la résistance dans le Sud-Ouest (Toulouse, ouest du Massif Central, Limousin), exécute à Tulle (Corrèze)  99 civils et ordonne la déportation de 149 personnes au camp de Dachau (camp de concentration) en Allemagne.

Oradour-sur-Glane: 10 juin 1944, la division Das Reich encercle le bourg, rassemble ses habitants. Les femmes (246) et les enfants (207) sont enfermés, exécutés dans l'église qui est ensuite incendiée. Les hommes sont regroupés dans six lieux du bourg et fusillés.
La division Das Reich se dirige ensuite vers la Normandie.

Oradour-sur- Glane filmé en septembre 1944:

Réconciliation d'Oradour-sur-Glane avec l'Allemagne ... mais aussi avec la France:

La journée du 4 septembre 2013 ne marque pas seulement la réconciliation entre une ville massacrée et le pays d'où furent originaires ses massacreurs; elle marque aussi la réconciliation entre Oradour-sur-Glane et  les autorités de la République française, l'Alsace. Pourquoi?

Parmi les soldats de la division Das Reich, des Alsaciens. Il faut revenir au contexte historique pour comprendre cette situation. Mai-juin 1940, la France est envahie par l'armée allemande; l'armistice du 22 juin 1940 a notamment pour conséquence la perte de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine (la Moselle) intégrées à l'Allemagne nazie dirigée par Adolf Hitler. Des Alsaciens- Mosellans sont obligés d'intégrer les armées allemandes et nazies (ils seront appelés les "malgré-nous"); après la guerre, l'Alsace et la Moselle redeviennent françaises.

Le 12 janvier 1953 (neuf ans après les faits), se tient à Bordeaux un tribunal militaire qui juge 21 massacreurs (des exécutants) d'Oradour-sur-Glane. Parmi ceux-ci, 14 Alsaciens. L'opinion publique alsacienne et limousine se divise: indignation en Alsace car des Allemands et des "malgré-nous" sont jugés ensemble; volonté de fermeté et refus de séparer les accusés dans le Limousin.
Le verdict du tribunal de Bordeaux (13 février 1953): un Alsacien condamné à mort; neuf autres condamnés aux travaux forcés.
MAIS le 19 février 1953, les députés français votent une loi d'amnistie; les Alsaciens ne subissent pas leur condamnation.

En conséquence, les relations furent toujours très tendues entre la municipalité d'Oradour et les représentants de l'Etat. Les présidents de la République se rendirent à Oradour, mais à titre privé.
Il faut attentre 1999, l'inauguration du Centre de la mémoire à Oradour, par le président Jacques Chirac et la présence de l'ancienne maire de Stasbourg (Alsace) alors ministre de la culture,  pour que les relations s'apaisent officiellement.

Pour aller plus loin: