L'acronyme PMA signifie: Pays moins avancé.
Introduction:
Le 24 avril 2013, les médias occidentaux consacrent de nombreux articles au Bangladesh. Le dessinateur de presse français Chimulus publie le dessin ci-dessous le 2 mai 2013:
Le dessinateur de presse Chimulus a réalisé ce dessin après l'effondrement de l'immeuble Rava Plaza qui abritait sur cinq étages des ateliers de confection textile.
Cette catastrophe, le 24 avril 2013, à Dacca ou Dhâkâ (capitale du Bangladesh) entraina la mort de 1038 ouvrières et ouvrièrs.
Rappel des faits sur un reportage d'Euronews diffusé le 5 mai
2013:
En quoi le Bangladesh est-il un PMA (un Pays moins avancé)?
Il s'agit de retrouver et de décrire les caractéristiques de ce PMA. A l'aide des documents ci-dessous, compléter le tableau après avois localisé et situé le Bangladesh (à l'aide de l'atlas numérique de votre ordinateur).
1-Indicateurs sur la population du Bangladesh:
2- Généralités sur l'économie du Bangladesh:
Le secteur textile emploie au Bangladesh 3,6 millions de personnes et assure 80% des exportations. Le pays est le deuxième exportateur mondial de textile (derrière la Chine).
Deux raisons expliquent cette situation:
- au cours des années 1990, des accords mondiaux commerciaux (les accords multi-fibres) ont organisé le transfert de la production textile de l'Europe et des Etats-Unis vers l'Asie. Dans le cadre de ces accords, le Bangladesh considéré comme un pays relativement pauvre a pu obtenir une partie de cette production industrielle; ainsi la production textile devint-elle au Bangladesh le noyau de l'industrialisation.
- plus récemment, l'augmentation du coût de la main d'oeuvre et le respect des normes de sécurité en Chine et dans d'autres pays asiatiques expliquent la délocalisation des ateliers textiles vers le Bangladesh où les salaires sont inférieurs et les normes de sécurité moins sévères et/ou moins respectées.
Le Bangladesh est aujourd'hui le 1er des pays ateliers de la planète mondialisée; il est surnommé la deuxième Chine. Les firmes multinationales
européennes (H&M, Zara, Mango) et nord-américaines (Wal-Mart) sous-traitent très officiellement leurs commandes au Bangladesh et en Asie du
Sud-Est.
Mais cette croissance du textile a un coût social élevé: en avril 2012 un syndicaliste (qui défendait les droits des ouvrières et ouvriers) a été assassiné; le 24 novembre 2012, 112 travailleurs ont péri dans l'incendied'une des nombreuses industries textiles qui ne respectent aucune norme de sécurité.
sources: Le Bilan du Monde 2013; émission radio Les Matins de France Culture ( 30 avril 2013).
3- Travail dans une rizière:
Les inondations freinent le développement:
Il y a eu 219 catastrophes naturelles au Bangladesh de 1980 à 2008. Celles-ci ont causé plus de 16 milliards de dollars US de dégâts au total.
Suite à un cyclone catastrophique en 1991, le gouvernment a mis sur pied, avec l'aide du PNUD (Programme des Nations Unies - de l'Organisation des Nations Unies- pour le Développement), le Bureau
de gestion des catastrophes.
source: PNUD
4- Le problème de la corruption au Bangladesh:
En 2012, le Bangladesh se situe au 144ème rang des pays les plus corrompus (sur 174 Etats observés). Ce classement a été élaboré par Transperancy International une organisation mondiale (née en 1993 et basée à Berlin) qui enquête sur ce phénomène afin de la combattre.
Sur les 7906 ménages bangladais interrogés, 63,7% d’entre eux ont indiqué qu’ils avaient besoin de payer des pots de vin pour obtenir des services gouvernementaux.
Un vendeur de vêtement à Dhaka raconte que pour faire fonctionner son entreprise de vêtements, il doit payer 200 takas à la police tous les jours. Les policiers récupèrent l’argent par
l’intermédiaire d’agents locaux. S’il n’arrive pas à payer le pot du jour, le lendemain , ils ne lui laissent pas ouvrir son magasin. Jusqu’à un tiers de ses gains sont emmenés par la police tous
les jours. Il finit en disant « Je ne pense pas que je pourrai voir ce jour où je serais capable de gérer mon entreprise sans avoir corrompre la police ».
5- Les émigrés bangladais (originaires du Bangladesh):
"En 2004, 3,5 milliards de dollars ont été rapatriés par les Bangladais de l'étranger (...). Avec 3,5 milliards de dollars en 2004, l'argent des émigrés constitue une immense ressource pour ce
pays qui reste l'un des plus pauvres de la planète.
Et encore ne s'agit-il là que des revenus officiellement enregistrés par le système bancaire."
Source:revue Alternatives Economiques, décembre 2005.
Définition générale d'un PMA selon l'ONU:
" Qu’entend-on par PMA?
Depuis 1971, les Nations Unies reconnaissent les Pays moins avancés (PMA) comme étant le « maillon le plus faible et le plus pauvre » de la communauté
internationale. Quarante-neuf pays sont actuellement classés parmi les PMA par les Nations Unies. Géographiquement, ils se distribuent comme suit:Afrique: 33 pays; Asie et
Pacifi que: 15 pays (dont le Bangladesh); Amérique latine et les Caraïbes: 1 pays (Haïti).
Quels sont les critères qualifiant un pays comme faisant partie des PMA?
Le Comité des politiques de développement de l’ONU (CDP) utilise les critères suivants pour identifier les PMA:
- Vulnérabilité économique élevée, mesurée en fonction de la taille de la population; éloignement; diversité des produits exportés, part de l’agriculture, de l’industrie forestière et des pêcheries dans l’économie; instabilité de la production agricole;instabilité des exportations de marchandises et de services; et privation de logement due aux catastrophes naturelles.
- Revenu bas, mesuré en fonction du revenu moyen par personne calculé sur trois ans. Un revenu moyen inférieur à 745 dollars des États-Unis par personne, par an est pris en considération pour que le pays soit inclus dans la liste des PMA.
- Ressources humaines faibles, mesurées par des indicateurs de nutrition, de mortalité infantile en dessous de cinq ans; nombre d’élèves inscrits dans l’enseignement secondaire; et taux d’alphabétisme des adultes.
Un pays doit satisfaire ces trois critères pour être inscrit à la liste des PMA. De plus, sa population ne doit pas dépasser les 75 millions."
D'après l'ONU (Organisation des Nations Unies); cliquez ICI pour retrouver la source complète de ce document.
Retour sur les usines textiles bangladaises:
Le détail du prix d'un vêtement provenant du Bangladesh:
" Sur une pièce achetée 10 € à sa sortie d’usine au Bangladesh :
- 6 € seront destinés à l’achat de matières premières (tissus, fermetures éclairs, boutons, accessoires).
- 1,80 € servira à payer les coûts industriels (énergie, amortissement des machines à coudre, marge).
- 1,90 € sera destiné à couvrir le coût du travail pour la coupe du tissu, la couture, le repassage.
- 10 centimes seront pour l’emballage.
- 10 centimes couvriront les tests matières, la teinture et le lavage.
- 10 centimes couvriront la commission du bureau d’achat, l’intermédiaire local veillant à l’exécution de la commande.
- Le transport en conteneur, par bateau, et la livraison chez un détaillant coûteront au total 50 centimes. Vendu dans les enseignes de la grande distribution ou en boutique, le prix final représente 3 à 6 fois le coût d’un vêtement à sa sortie d’usine. Cela couvre à la fois les frais de conception, en amont, puis le stockage et le fonctionnement du magasin, en aval, ainsi que les frais de publicité, les taxes et la marge, qui peut varier énormément selon la marque."
extrait d'un article du quotidien La Croix du 8 janvier 2013.
1 jour 1 actu a consacré plusieurs articles à ce thème:
... et aussi un Quiz:
Les ouvriers du textile manifestent:
Depuis l'effondrement de l'usine en avril 2013, les grèves et les manifestations se multiplient; les ouvrières (les plus nombreuses dans le textile) et les ouvriers réclament une hausse des salaires. Un reportage d'Euronews du 25 septembre 2013:
Pour aller plus loin:
- un reportage radio diffusé le 22 novembre 2013 sur les ondes de France Culture: "Made in Bangladesh, le vrai prix de nos habits", une enquête de Marie Viennot.
- Vidéo et reportage interactif ci-dessous, réalisé en collaboration avec Mariel Bluteau et Thibault Lefèvre, de France Inter et avec France Culture (novembre 2013)
- le 24 novembre 2013, le numéro d'"Interception" sur France Inter diffusait un numéro sur les ateliers du textile au Bangladesh: " Made in Bangladesh: des jeans et des tee-shirts, mais à quel prix?"